Lorsque l’on parle de l’Afrique, on pense tout de suite aux maladies, à la malnutrition, à tous ces pauvres gosses les yeux chassieux couverts de mouches avec un ventre énorme et des membres tous fins. Et puis on pense aux guerres civiles héritées de frontières tracées à la règle par les anciens colons, aux massacres à la machette ou à certains rites ancestraux et barbares visant à entériner la domination de l’homme sur la femme. Du moins, c’est ce que les médias nous laissent entrevoir.
Personnellement, j’avais déjà eu un autre aperçu de la terre originelle grâce à des amis de ma famille et je m’étais dit qu’il y avait sûrement bien d’autres choses à découvrir. Des choses bien plus positives…
Et puis j’ai rencontré Renaud. Installé au Bénin depuis plusieurs années, il me parlait à chacun de ses retours en France de ses projets et de la vie qu’il menait là-bas. Le fait qu’il monte son association afin d’aider les populations locales a éveillé ma curiosité. J’ai donc décidé de faire le déplacement afin de mettre mes préjugés à l’épreuve et de me forger ma propre opinion de ce continent.
Je ne fus pas déçu.
À Cotonou, la capitale, la première chose qui frappe quand on sort de l’avion, c’est la chaleur. Pas une chaleur tendre et douce comme on peut trouver dans le sud de la France, par exemple, mais une fournaise qui vous pèse sur tout le corps et vous immerge dans une décontraction tout à fait africaine.
Puis, il est temps de mettre un pied dans la ville. Là, ça klaxonne et déboule de partout, et l’on définit ça comme de l’anarchie. En réalité, une fois habitué à cette fourmilière, ce qui reste, c’est un immense sentiment de liberté et d’euphorie. Ici, comme nulle part ailleurs, on s’étonne à chaque coin de rue.
Je m’explique. Au Bénin, l’économie est pour la plupart informelle. On achète donc ses fruits, son poisson ou sa viande dans les échoppes le long de la route, chez les « bonnes femmes ». Si l’on veut se déplacer, on prendra un « zem », un de ces taxis-motos qui pullulent à Cotonou et qui vous emmènera n’importe où pour quelques francs CFA. Depuis que le port du casque a été rendu obligatoire, on trouve des chauffeurs avec des calebasses sur la tête… Niveau sécurité, ça laisse à désirer, mais pour le charme et le dépaysement, c’est hors catégorie.
Sur notre chemin on croisera toute sorte de cocasseries : des grands Noirs habillés en toges blanches, pieds nus, chrétiens à moitié fanatiques qu’on appelle ici « célestes ». Babas nigérians qui braisent du poulet à même la rue dans un mélange de poussière et de pollution. Chambres à air de motos entourées d’aluminium dans presque toutes les échoppes longeant les routes sablonneuses. Magasins aux noms chrétiens plus comiques que dévots, tels que « Grâce divine coiffure », « À la grâce de Dieu tresses » ou encore « Dieu est Dieu poissonnerie ».
Nombreuses constructions non terminées, appelées « éléphants blancs » et dont les parpaings dénués de peinture sont laissés à l’abandon jusqu’à ce que les caisses soient renflouées. Lézards géants qui bougent la tête tout en maintenant leurs corps immobiles comme s’ils faisaient des pompes. Zems qui transportent des requins entiers à l’arrière de leurs motos. Gamins qui surgissent de nulle part à la poursuite du Blanc et qui font coucou en criant : « Yovo ! yovo ! Bonsoir ! Ça va bien ? Merci ! » Adultes avec des scarifications sur le visage pour montrer leur appartenance à une tribu ou rendre un culte à une divinité vaudou…
Bref, si vous mettez les pieds au Bénin, vous repartirez avec des images plein la tête et une seule et unique envie : y retourner afin de vous imprégner encore un peu plus de ses scènes de vie inattendues, de ses paysages hauts en couleur, de l’hospitalité de ses habitants, et du climat bon enfant qui y règne.