En tant que passionné de la langue de Molière, j’ai toujours eu envie de découvrir la variété du français parlé en Afrique, avenir de la francophonie.
Je fus à la fois étonné et amusé par les variétés du français béninois. En effet, il est courant d’interpeller quelqu’un du même âge que soi par un « tata » ou un « tonton », un peu comme les Espagnols utilisent « tío » ou « tía » pour dire « mec ». On appellera une personne plus âgée « papa ». Au lieu de nommer une personne par son patronyme, on emploiera plutôt « monsieur + prénom ». Ou, tout simplement, on s’adressera à la personne en la désignant par sa fonction. Par exemple « patron » ou « mécanicien ».
On ne dit que très rarement « bonjour » au Bénin. Non pas par manque de politesse, mais parce qu’on utilise « bonsoir » dès les douze coups de midi.
On se verra souhaité une « bonne arrivée » à chaque fois qu’on posera le pied à terre, puis une « bonne assise » dès que l’on posera nos fesses sur une chaise. Ceci est une invitation à nous « mettre à l’aise ».
Il est fréquent d’entendre « l’année passée » ou « la semaine passée » alors que chez nous, on entendrait plutôt « l’année dernière » ou « la semaine dernière ». Souvent aussi, l’article est omis devant le nom, comme dans la phrase « on va prendre zem » pour dire « on va prendre un taxi-moto ».
Voici quelques autres expressions béninoises :
- « Présentement » pour dire « maintenant ».
- « Dribler » pour dire « escroquer ».
- « Ça évolue ? » pour dire « ça avance ? »
- « Gâter » pour dire « gâcher ».
- « Ou bien ? » pour demander confirmation à son interlocuteur.
- « Doucement » pour dire de faire attention, s’excuser, ou demander si ça va.
- « Il y a trois jours » pour dire « il y a longtemps » (calque du fon, la langue nationale).
Et enfin, petit bonus grivois : quand un Béninois dit qu’il va « au bureau », ça peut vouloir dire qu’il va voir sa « secrétaire personnelle », c’est-à-dire sa maîtresse…