Acteurs de la première mission « Collège numérique »

Notre petit groupe est le premier à expérimenter le projet de « collège numérique » de Shammesh. Equipés de deux serveurs chargés de contenus éducatifs et de nos 15 tablettes, nous partons pour le collège de Tori.

Notre mission est simple : donner des sessions de révision du programme de maths aux élèves de troisième à l’aide des tablettes. L’idée est de rendre ludique cet apprentissage tout en initiant les jeunes au monde du numérique.

Pourquoi les classes de troisième ? Afin de les préparer au brevet des collèges à la fin de l’année. Il faut aussi dire que le programme du collège est plus accessible que celui du lycée. Malgré les années écoulées depuis notre sortie des bancs de l’école, ces notions nous sont assez vite revenues.

Nous arrivons donc dans ce collège de brousse, accueillis par le gardien somnolant à l’entrée et les élèves tout de beige vêtus qui nettoient la cour. Eh oui : au Bénin le port de l’uniforme est obligatoire et les élèves ont une heure par semaine attribuée au nettoyage de la cour, leur enseignant à respecter leur environnement. Nous nous garons au fond, non loin de la salle des profs, afin d’être accueillis par le censeur et le directeur de l’établissement. Ils sont très motivés par notre projet et nous présentent à notre premier groupe d’élèves.

Il faut savoir que le collège étant public, les élèves sont nombreux : il y a six classes de troisième d’une soixantaine d’élèves chacune et une classe de 30. Ca s’annonce sportif ! La première chose que nous faisons en arrivant devant les élèves est donc de diviser la classe en 2 car, disposant de 15 tablettes, nous ne pouvons prendre en charge que 15 binômes.

Pendant que l’un d’entre nous présente le projet éducatif de l’ONG, les autres préparent les tablettes. Une fois allumées et connectées au réseau, nous les distribuons aux élèves dont l’intérêt a subitement été éveillé à la vue de ces outils. En effet après un petit sondage, seule une minorité des élèves de ce collège a déjà manipulé une tablette ou un smartphone. Cependant, pas question de jouer ! Nous leur demandons dès le début de sortir leurs crayons et leurs cahiers au cas où ils auraient oublié que nous étions ici pour réfléchir et non pas pour cliquer sur des boutons.

Le matériel est installé, c’est parti pour la session de révision. Il ne faut pas hésiter à dire que l’activité n’est pas notée et que nous sommes là pour les aider car les élèves ont tendance à dire « oui » à tout, quand bien même ils n’ont pas compris. Nous les orientons dans un premier temps vers les exercices afin de tester leurs acquis de cours, avant de les orienter ou non vers nos cours vidéo en fonction de leurs lacunes.

Ces exercices sont sous forme de QCM : pour chaque question, trois réponses sont proposées. Les élèves doivent sélectionner une seule réponse. Certains sont tentés de zapper au petit bonheur la chance, d’où la nécessité d’insister au début sur l’emploi des cahiers et des crayons. D’autres sortent systématiquement leurs calculettes pour de simples multiplications, alors nous les leur confisquons pour qu’ils utilisent plutôt leurs cerveaux. Nous évoluons dans les rangs afin de surveiller la progression des élèves sous la chaleur pesante et d’intervenir quand certains ont des difficultés. L’un d’entre nous en a même emmenés au tableau pour faire le prof jusqu’au bout. Nos sessions étant facultatives, les élèves présents (représentant une grande majorité) jouent bien le jeu.

Les niveaux sont hétérogènes : certains ont réussi à faire nos trois QCM dans l’heure impartie, tandis que d’autres ne sont pas parvenus au bout de la première série de questions. Les âges, eux aussi, sont hétérogènes : ils peuvent varier de 13 à 20 ans pour les élèves de troisième, et ce sont bizarrement les plus jeunes qui semblent être les plus éveillés.

L’heure passe vite et les élèves refusent de nous laisser partir. C’est assez frustrant de ne pouvoir leur donner davantage de temps quand on les voit aussi motivés, mais comme dit plus tôt, 10 autres groupes nous attendent. Cela fait néanmoins chaud au cœur de les voir, élèves comme encadrants, aussi enthousiasmés par notre intervention. Ils nous demandent quand nous allons revenir ? La réponse ne dépend que de vous chers lecteurs … ;)


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