Sè, un village au sud-ouest du Bénin, est renommé pour sa poterie traditionnelle. Les potières se transmettent leur savoir-faire de mère en fille. Elles fabriquent jarres, assiettes, pots de fleurs en argile cuite, qu’elles vendent sur commande ou sur le marché.
L’argile grise est extraite dans les « bas-fonds », zone marécageuse à 6 kilomètres du village. Cette matière est abondante et se reconstitue en deux ans. La terre est ensuite séchée au soleil pour en extraire l’humidité.
Chaque potière travaille la matière en la concassant tout d’abord avec une pierre afin de la réduire en poudre. Une fois tamisée, la poudre est humectée, saupoudrée de chamotte (poudre de poterie cuite pour donner de la résistance) et malaxée longuement à la main jusqu’à l’obtention d’une belle pâte souple.
La potière découpe ensuite un morceau de cette pâte et, quel que soit l’objet qu’elle veut fabriquer, elle la roule en boule et la creuse au centre.
C’est alors que la magie opère et que l’objet prend forme dans ses mains, sans tour de potier. Ce n’est pas l’objet qui tourne devant la potière, mais c’est la potière qui tourne autour de l’objet ! La tradition et le savoir-faire ont été transmis de génération en génération.
L’objet s’évase, s’amincit, grandit, se décore sous nos yeux. En quelques minutes, une assiette ou un vase est créé. Reste ensuite à laisser sécher au moins une journée avant de passer à la cuisson. Des objets plus complexes, notamment les jarres, devront être retravaillés le lendemain.
Avant la cuisson, les objets sont mis en couleur avec un badigeon de terre rouge.
Les potières rassemblent les objets en un tas bien structuré. Le tas est ensuite recouvert de paille qui sera mise à feu. La cuisson dure seulement deux heures. Pour des objets plus imposants, la cuisson au four est obligatoire. Les objets sont placés dans un grand four en briques. Il est ensuite chauffé pendant 12 heures avec du bois, la température s’élève à 1000 degrés et c’est seulement 3 jours plus tard que les objets peuvent être retirés.
